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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 14:31

2) Marjolein Visser, professeure d’agro écologie à l’Université libre de Bruxelles. Quelques éléments  de son intervention le 14 septembre - Journée « Pourquoi et comment produire la biodiversité » à la Chèvrerie de la Croix de la Grise. Veuillez noter que ce texte ne reprend pas l’intégralité de l’exposé, en effet, Madame Visser réitérera celui-ci lors d’une prochaine occasion. Cet article à été repris dans La Lettre du MAP n°37.


L’économie et l’écologie sont intimement liées, elles forment pratiquement la même science et doivent revenir au cœur de notre mode de décision. La première question posée est « plus de rendement, mais quel rendement ? ». Le rendement est un rapport entre un input qui peut être la superficie cultivée, les heures de travail prestées, les euros investis… et un output : tonnes de blé produites, quantité de paille et de son générée, production racinaire dans le sol,... C’est une question de prise en compte et l’on a pris coutume d’observer uniquement certains indicateurs de rentabilité. La tendance actuelle est d’optimiser la rentabilité du travail car il coute cher alors que celle du capital (autre des trois inputs principaux avec la terre) dégringole. Cette tendance s’accompagne d’un taux de chômage important dans les zones agricoles.


DSCN0346.JPGLe prix de l’énergie ne fera qu’augmenter dans le futur ce qui met en exergue le rendement énergétique de la production agricole. L’intrant énergie en agriculture a plusieurs sources. Premièrement, il faut distinguer l’énergie écologique, le soleil, qui a entre autre permis la formation des sols et qui alimente la photosynthèse des plantes, de l’énergie culturelle c’est-à-dire l’énergie injectée par l’homme dans les écosystèmes cultivés (forêts, prairies et cultures). Ensuite, parmi les énergies culturelles, l’on distingue les énergies biologiques (force de travail humaine, force de traction animale, fumier) des énergies industrielles (électricité, fuel, gaz). C’est principalement la dernière source d’énergie qui posera problème dans le futur ; il nous faut donc apprendre à optimiser les deux autres sources : un important progrès technologique doit se faire dans des domaines tels que l’agroforesterie, la valorisation de la traction animale, le compostage,… Une meilleure gestion de l’écosystème permettrait de faire valoir ces sources d’énergie alors qu’elles sont pour l’instant pratiquement considérées comme un donné. Nous ne pouvons que constater que l’orientation prise aujourd’hui par l’agriculture dite « de pointe » ne va malheureusement pas dans ce sens et n’anticipe pas ces problèmes majeurs.


Différentes vérités dérangeantes nous amènent à penser que des changements profonds seront, dans un futur plus ou moins proche, nécessaires à l’équilibre de notre société. La population mondiale ne fait qu’augmenter et avec elle, les bouches à nourrir et les bras à employer alors que l’abandon du métier d’agriculteur (nourrisseur gestionnaire d’écosystème) se poursuit à une vitesse démesurée. L’agriculture considérée ‘de pointe’ aujourd’hui est minière et polluante : elle dépend quasi uniquement d’intrants externes (pétrole, engrais chimiques, pesticides,… -> agriculture hors-sol, hors-écosystème) qui ne suffiront pas à « nourrir la planète » alors que les haies* et l’humus* participent à la production locale d’intrants (*deux éléments clefs des écosystèmes ici pris comme exemples parce que longtemps déconsidérés). De plus, l’approvisionnement en ressources non-renouvelables est de jour en jour plus difficile : non seulement le pétrole mais aussi le phosphore sont très difficiles à remplacer. Notons que ce dernier est particulièrement nécessaire à la production de soja et de maïs en Amérique du Sud dont l’élevage industriel européen dépend. Ces différents problèmes nous annoncent encore quelques « années de crise(s) » économique, sociale, alimentaire, financière, etc. …


Pour répondre aux problèmes d’accessibilité, de qualité et de quantité de la nourriture, un nouveau modèle agricole est nécessaire. L’orientation actuelle n’a pas résolu ces questions. Il faut produire le plus possible avec le moins d’énergie en maximisant la biodiversité à tous les étages : les écosystèmes en mosaïque. Les connaissances agronomiques et les pratiques agricoles doivent avancer et évoluer dans ces domaines. L’agroécologie et l’agroforesterie sont des pistes dans ce sens. Aujourd’hui, c'est le rôle de chaque agriculteur de réfléchir, de s’informer, de calculer et enfin, d’expérimenter !

 

Suite...

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commentaires

M
Really interesting post! It is a fact that economy and ecology are very much related to each other. For the same reason, they are virtually the same science and must return to the heart of our decision-making. Thanks for sharing.
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