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12 février 2012 7 12 /02 /février /2012 11:01

 

Chèvrerie de la Croix de la Grise, 11 février 2012

Diapositive1

Enjeux économiques d'une agriculture soutenable

 

Conclusions de la journée du 11 février 2012 intitulée "Comment valoriser une agriculture durable" dont les deux intervenants ont étés Mme Marjolein Visser (ULB) et M. Nicolas Dendoncker (FUNDP). Voici les diapositives présentées et quelques notes les commentant.

Diapositive2L'économie, en tant que science, explique beaucoup de phénomènes en attribuant aux individus une rationalité de base digne d'un tiroir-caisse: le calcul coût/bénéfice (monétarisés) prédit l'action. Elle n'a aucunement le rôle de justifier ce mode de décision sur un plan éthique. Elle ne dit d'ailleurs pas que c'est le meilleur moyen individuel pour relever les défis économiques, sociaux et écologiques globaux. Le citoyen est plus qu'un simple électeur, un simple consommateur... Dans une société démocratique moderne, il est, ou du moins devrait être, coresponsable de la société dont il est membre. Autonomie et responsabilité individuelles sont des principes fondamentaux dans une société moderne. 

 

Diapositive3Pour rappel, du point de vue du producteur dans une économie de marché, le prix de vente est égal au coût de production + un surplus qui est fonction de son pouvoir de négociation envers l'acheteur. Plus ce pouvoir est faible, plus le surplus sera minime. A mon humble avis, pour garantir une stabilité et une vérité des prix lors de la transition, deux phénomènes doivent se développer de concert. D'un côté l'augmentation de la productivité à long terme qui revient à baisser les coûts/dommages (éco-soc-éco) de la production par exemple en développant les services écosystémiques (services gratuits de la nature) comme intrants à bas prix. D'un autre côté, un accroissement de la prise en compte des coûts/dommages (e-s-e) dans le prix = internalisation de ces coûts/dommages. Un plus grand développement des services écosystémiques produits par l'agriculture constitue une nouvelle production par l'agriculture pour l'ensemble de la société.

 

Diapositive4Lorsqu'il y a compétition, le producteur offrant au plus bas prix gagne. Ce prix, sauf en cas de dumping ou de pouvoir de négociation nul voire négatif, n'est pas inférieur aux coûts de production. Mais quand tous les coûts/dommages ne sont pas internalisés, le prix ne représente pas la réalité. Il y a dumping écologique lorsque le producteur qui n'internalise pas les pollutions qu'il provoque gagne la compétition. Il est donc important d'encadrer ce domaine.

 

 

 

 

 

 

Diapositive5La source principale de progrès économique est la connaissance, c'est un peu notre seule ressource illimitée. Etant donné la grande imprévisibilité des phénomènes écologiques & économiques et de l'évolution des prix, il est important et rationnel d'allouer du temps et de l'énergie à l'expérimentation, à l'accumulation de savoir-faires durables. Ces techniques doivent être pensées sous plusieurs angles d'approche scientifiques et partagées entre acteurs du terrain et chercheurs notamment via les blogs internets.

 

 

 

Diapositive6Nous élevons et cultivons dans un environnement vital fini avec une quantité de ressources limitée. Tout est donc plus ou moins rare, tout doit être utilisé le plus intelligemment possible. [NB: la rareté est une notion relative en fonction des besoins]. Au Sud, certaines contraintes ont poussé à inventer et innover.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diapositive7Voici une série d'études et d'expérimentations concrètes dans différents domaines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Diapositive8

Bibliographie sur laquelle je me suis basé pour cet exposé. Je vous recommande fortement ces différents articles et livres.

•    de Schutter O., Vanloqueren G. (2011), The new green revolution, How twenty-first-century science can feed the world, Solutions, Volume 2, Issue 4, pp. 33-44, http://www.thesolutionsjournal.com, 2011.
•    Food and Agriculture Organisation for the United Nations (2011), Organic agriculture and climate change mitigation, A report of the round table on organic agriculture and climate change, Natural Resources Management and Environment Department, FAO, Rome, 2011.
•    Food and Agriculture Organisation for the United Nations (2009), Organic agriculture and carbon sequestration Possibilities and constrains for the consideration of organic agriculture within carbon accounting systems, Natural Resources Management and Environment Department, Rome, 2009.
•    Food and Agriculture Organisation for the United Nations (2010), Organic agriculture and climate change, Renewable Agriculture and Food Systems: 25(2); 158–169, Rome, 2010.
•    Freibauer A., Mathijs E. & alii (2011), Sustainable food consumption and production in a resource-constrained world, The third Standing Committee on Agricultural Research (SCAR) Foresight Exercise, European Commission, 2011.
•    Nierenberg D.,  Halweil B. & alii (2011), Sate of the world 2011 Innovations that nourish the planet, A Worldwatch Institute report on progress toward a sustainable society, Worldwatch Institute, Washington, 2011.


Diapositive9

Analyse du cycle de vie d'un aliment = étudier l'impact de cet aliment de puis la production des intrants qui ont été nécessaires jusqu'à son arrivée dans l'assiette. On peut étudier l'impact d'un aliment dans diverses dimensions à l'aide de différents indicateurs: utilisation du sol (ha/t d'aliment), consommation d'énergie (kJ/t), émissions de CO2 (kg/t), acidification de l'atmosphère (rejet de SO2), eutrophisation des écosystèmes (NO3)... L'on peut ainsi comparer différents modes de production. En terme d'émissions de CO2, l'agriculture constitue autour de 40% des émissions totales pour la production d'un aliment.

 

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L'agriculture est responsable d'environ 1/3 des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Comme on l'a vu ce matin avec Marjolein Visser, une pratique agricole durable doit prétendre diminuer la consommation d'énergie par l'agriculture. Ce graphique montre la "composition" de cette consommation et donne une idée de ce à quoi il faut s'attaquer prioritairement. La production des fertilisants chimiques, le travail des marchines, le transport et l'irrigation constituent près de 80% du total. Le stockage de CO2 dans le sol (carbone organique du sol) est un service écosystémique que l'agriculture peut produire et pourrait à terme être rémunéré. Voici une liste des pratiques agricoles à grand potentiel: remplacer les fertilisants chimiques (pour une microbiologie du sol plus diversifiée), ne pas brûler les "déchets" agricoles ex: paille (pour les mêmes raisons), produire et épandre du compost, insérer des légumineuses dans les rotations, augmenter la matière organique des sols.

 

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Voici une liste de pratiques agricoles qui contribuent au frein du changement climatique. Elle est, à mes yeux, le meilleur moyen de définir une agriculture durable. Réduire les lourdes interventions sur les champs, l'utilisation de fertilisants chimiques et l'irrigation par pompage. Employer un matériel adapté et efficient par rapport aux besoins, d'un point de vue énergétique. Optimiser les rotations des cultures afin qu'elles requièrent peu d'énergie et opter pour les plantes fixatrices d'azote. Augmenter le niveau de carbone dans le sol et les végétaux. Minimiser le transport des intrants et des produits à toutes les étapes de la filière ainsi que l'emballage. Augmenter la consommation notamment humaine de légumineuses.

 

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Voici un modèle de base développé notamment par le WorldWatch Institute qui intègre le sol, les plantes et les animaux. Tout se tient, dans le sens de la lecture: le troupeau procure de la matière organique pour le compost, les herbacées augmentent la diversité des cultures et de la matière pour le compost. Les légumineuses participent à la fertilité du sol, un grand nombre de microorganismes dans le sol permet de contrecarrer les maladies. Ce modèle de base peut bien sûr être développé dans ses différentes composantes.

 

 

 

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Un autre modèle, fort proche: fumier/culture de couverture (green manure/covercrops). Les cultures de couverture et de protection (souvent arbres ou arbustes) apportent une grande quantité de matière organique et de nutriments au sol et donc aux cultures "principales" via leurs feuilles mortes et le renouvellement racinaire. Cet accroissement de la matière organique (de l'humus) est bénéfique à la "digestion" du fumier par le sol au profit des cultures. Ce système est très avantageux au niveau des coûts de transport, d'immobilisation du capital, de désherbage,... Les productions secondaires participent à l'alimentation du bétail. Ces arbres protègent le sol (il préserve sa porosité et sa capacité à retenir l'eau >< sécheresse, érosion...) et les plantes (>< vent, grêle, sécheresse). Ce modèle doit encore être approprié et développé par les acteurs du terrain notamment dans ces domaines: organisation des parcelles, gestion de la canopée et de la lumière, interactions bénéfiques entre cultures, développer le potentiel de frein du développement des adventices par les feuilles mortes et le BRF)...

 

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Et maintenant, que faire? Tout d'abord, expérimenter des solutions, des trucs & astuces tant pour la production des aliments (utilisation des intrants, pratiques, financement, accès à la terre...) que pour leur vente: circuits courts, partenariats équitables, diversification des sources de revenu, production de services écosystémiques... Rester ouvert et curieux, retrouver le goût de la recherche, accumuler des savoir-faires durables (dans les 3 dimension: éco-soc-éco). Finalement, partager ces savoirs, expériences, réflexions...

 

 

 

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Pour terminer, je voulais rappeler que la durabilité peut être conçue et donc agie de deux façons. Réactive, d'une part, c'est-à-dire en réaction à la situation économique, agir en conséquence.

D'autre part, d'une façon proactive, c'est-à-dire en assumant une part de risque, de tentative, par choix éthique personnel au nom d'un avenir commun...

 

Merci encore à toutes et tous pour cette journée et tout particulièrement aux deux intervenants de qualité de sont Mme Marjolein Visser et M. Nicolas Dendoncker pour leurs exposés et leur soutien chaleureux. Merci aussi au Ministre Carlo Di Antonio qui a tenu à marquer son soutien par sa venue.

Vincent Delobel, 2012.


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